Pourquoi les consoles de jeux étaient-elle interdites en Chine ?
Eh bien parce qu’elle font mal à la tête, parce qu’elles sont le véhicule d’une certaine violence qui pollue les cerveaux des jeunes Chinois et entraînent d’affreuses dépendances. C’était en tout cas la justification officielle, au début des années 2000 au moment de l’interdiction. Depuis, la question de la levée de cette interdiction n’a cessé de se poser, il semblerait même que ce soit un marronnier de janvier – comme par hasard au moment du Computer Electronics Show de Las Vegas, la grand messe des nouvelles technologies qui réunit toutes les marques, et évidemment les consoliers (les japonais Sony et Nintendo, l’américain Microsoft).
Cette fois-ci ça y est, l’interdiction est levée, enfin temporairement est-il précisé, et avec un contrôle a priori du ministère de la culture, ça c’est valable pour tous les biens culturels, ça ne change pas. Dernière obligation pour les consoliers qui voudraient pénétrer cet immense marché – 490 millions de joueurs : que la production des consoles soit localisée dans la zone de libre-échange de Shanghai. De fait, les consoles de jeux sont déjà fabriquées en Chine (mais pas à Shanghai) ; on connaît notamment Foxconn, l’industriel taïwanais qui assemble les produits Apple à Schenzen notamment, Foxconn qui fabrique plus largement 40 % de l’électronique mondiale grand public en Chine – 40 % de l’électronique mondiale fabriqué par UNE seule entreprise dans UN seul pays, ça me sidère. Bon, donc puisque c’est déjà fabriqué sur place, la distribution ne devrait pas trop poser de problèmes... une relocalisation et puis c’est marre.
Finalement, cette levée du ban pourrait ne rien changer du tout. D’abord pourquoi les Chinois achèteraient des consoles maintenant alors qu’ils sont habitués depuis des années à jouer aux jeux mobile et aux jeux en ligne ? Ces jeux, comme World of Tanks, Dota ou World of Warcraft... des jeux pas du tout violent hein – d’ailleurs, ça me fait penser qu’un jeu qui fait fureur en ce moment en Chine, « The Glorious Mission » est un jeu de guerre développé en partenariat avec l’Armée populaire de libération (APL) dont l’une des missions consiste à reprendre les îles Diaoyu au Japon. Les Chinois jouent tellement que c’est devenu un peu une tarte à la crème d’évoquer les « gold farmers », ces joueurs-travailleurs payés pour faire progresser des personnages virtuels et les revendre ensuite aux joueurs Occidentaux. Les Chinois sont aussi habitués aux jeux mobile free to play, gratuits en apparence seulement, avec possibilité de micro-transactions à l’intérieur du jeu. Ces jeux n’ont pas besoin d’une connexion très importante, et on peut joueur aux jeux en ligne depuis des cybercafés alors, pourquoi s’embêter avec des consoles gourmandes en bande passante ?
Autre raison pour laquelle on ne verrait pas bien pourquoi les Chinois se mettraient aux consoles, c’est évidemment le pouvoir d’achat : les consoles restent pour l’heure un truc de classe moyenne occidentale aisée, ou de Chinois très aisé. Dernière raison : en fait on pouvait déjà s’en procurer en Chine des consoles... via Hong Kong ou Taiwan... Je lis aussi qu’une banque chinoise offrait même une Wii en échange de l’ouverture d’un comtpe chez eux, ou que Nintendo s’est lié avec une boîte chinoise pour commercialiser sa 3DS sous un autre nom. Autre astuce — quitte à faire des jeux vidéo une question de santé publique : faire entrer sa console de jeu sous la catégorie de « machine sportive ». Sans compter la contrefaçon, importante on le sait.
Reste la question de savoir pourquoi on les autorise, maintenant ? Eh bien pour toutes les raisons avancées jusque-là : parce que cette interdiction des consoles est déjà levée depuis longtemps, en fait.
