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Recherche sociale (f)book

25/13

Chronique de la Place de la toile du 26 janvier 2013 "Les faces cachées de l’immatérialité" avec P. Balin, F. Berthoud et C. Gossart.

Que permet le nouveau moteur de recherche de Facebook  ? [soundcloud url="http://api.soundcloud.com/tracks/76793166" params="" width=" 100%" height="166" iframe="true" /]

Facebook, je rappelle, est-il seulement besoin : c’est la bay area californienne devenue monde, 26 millions d’utilisateurs en France, plus de la moitié des internautes français etc. Mi-janvier, M. Zuckerberg annonçait qu’il s’apprêtait à déployer un moteur de recherche, prochaine étape du développement de la plateforme sociale, nouvel objectif stratégique au nom de « graph search », développé en partenariat avec Bing, le moteur de recherche de Microsoft, pour faire la nique à Google. Facebook serait donc désormais capable de proposer des réponses à une question comme celle-ci : « qui sont celles et ceux parmi mes amis, ou parmi les habitants de Montpellier, qui ont indiqué aimer danser ? »

Facebook connaît déjà beaucoup de choses sur ses membres – au moins autant que ce que ses membres ont bien voulu renseigner : lieux de résidence, scolarité, centres d’intérêt, profession, genre, sexualité etc. – Autant d’informations auxquelles il faudrait ajouter tout l’historique des commentaires, pouces levés, articles et photos partagées que ledit membre dépose ici. Difficilement quantifiable, cette somme de données personnelles est, on le sait, la monnaie d’échange de facebook qui les négocie avec des régies publicitaires soucieuses de cibler aux mieux leur réclame. Plus récemment, des données ont été vendues à un institut américain de sondages en ligne... Ainsi va la vie du capitalisme cognitif, confère de précédentesPlace de la toile, confère aussi le rapport Colin/Collin sorti il y a quelques jours en France, qui suggère que l’on pourrait taxer l’utilisation de ces données personnelles – piste fiscale inédite et fort intéressante, à suivre. Dans cette jungle, pour ne pas se faire déborder (entendre : dresser plus haut encore les murs de son jardin numérique), facebook a donc développé pour les utilisateurs cette fonction de recherche, fonction censée leur permettre de croiser la pléthore d’informations ici accumulées. Et, au passage, j’imagine : enregistrer d’autant plus de données personnelles, enrichies par l’internaute lui-même, ce travailleur.

Sur facebook, il y a bien déjà une barre de recherche, qui permet de trouver des personnes réelles ou morales (entreprises, médias, marques et groupes en tout genre). Mais en dehors de cela, rien : difficile par exemple [à moins de "scroller comme un malade"] de retrouver un vieil article qu’on était sûr d’avoir partagé pourtant, quasi-impossible de retrouver ce statut si provoquant d’une cousine sur telle actualité. Eh bien... le tout nouveau moteur de recherche – en version test/bêta et en langue anglaise seulement, donc prudence – NE PERMETTRA TOUJOURS PAS CA. Pour l’archivage personnel, la réflexion, l’ouverture, c’est ailleurs que ça se passe.

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En attendant, certains ont fait des découvertes étranges avec le « graph search ». Un site recense ces découvertes : avec le nouveau moteur de recherche, on peut par exemple savoir quelles sont les « personnes mariées ayant indiqué aimer les prostituées » ou rechercher les « musulmans ayant indiqué être intéressé par les hommes à Téhéran » recherche qui donne manifestement plus de 1000 résultats, ou encore « quelles sont les compagnies qui emploient des personnes ayant indiqué aimer le racisme ». Réponse : US Air Force, McDonalds, et d’autres.

graph search

Bon c’est vrai que ces recherches ne valent pas forcément grand chose. Par exemple, un musulman intéressé par les hommes et les femmes à Téhéran n’est pas nécessairement bisexuel : lorsqu’il a renseigné ce champ dans facebook (« Interested in... men and women »), c’était sans doute d’abord pour signifier ses vélléités de rencontres amicales sans distinction de genre... et pas davantage [pour « davantage », voir le nouveau service lié à Facebook : « Bang with friends », l’occasion de parcourir les réponses à la question que posait naguère le NYT : « Facebook a-t-il tué l’amour ? »]. Mais tout de même.

Le type, un certain Tom Scott, qui a commencé à agréger ces résultats... qu’il qualifie de « déconcertants », le précise bien d’ailleurs : il a surtout fait ça pour illustrer le problème de la confidentialité des données sur facebook (il indique aussi que sa page a été vue des centaines de milliers de fois, grâce notamment au billet que Michaël Szadkowski lui a consacré sur lemonde.fr, merci à lui). Non pas que ces paramètres de confidentialité soient défectueux, comme on le craint parfois. C’est surtout que la plupart des gens ne prennent pas la peine de les étudier et de faire les réglages qui vont bien. Leurs données personnelles se retrouvent donc dans la nature, à la merci du nouvel outil de recherche de facebook, qui sera bientôt être étendu aux autres langues. D’ici là : tremblez, observez, paramétrez, ou bien sortez d’ici ! (en sachant que « c’est pas données »).

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