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Réalité virtuelle

Horizon Oculus Rift

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De quoi Oculus Rift est-il la promesse ?

A l’origine de cette question, le dernier rachat spectaculaire au royaume des entreprises technologiques, celui d’Oculus Rift par Facebook. Facebook rachète le concepteur de casques de réalité virtuelle, dont tous les « gamers » du monde suivent depuis longtemps, au moins d’un œil, les moindres progrès, surtout depuis que le projet a été « crowdfundé » sur Kickstarter — comprendre, financé par la foule, c’est-à-dire que ce projet a d’abord fait l’objet d’une souscription sur la Toile. Des milliers d’anonymes ont donc financé un projet que Facebook s’approprie aujourd’hui à coups de myards.

Certains se sentent floués, qui pensaient que le casque d’Oculus Rift resterait toujours un peu leur bébé, qu’il ne se vendrait pas avec tant de hâte à la grande pieuvre... C’est l’avis de Notch, le créateur du célèbre Minecraft, qui est un peu la référence en matière de jeux vidéo libres : Notch avait investi 10 000 dollars dans Oculus Rift et projetait le développement d’une version de son jeu compatible avec le casque/masque/périphérique Oculus Rift. Eh bien Notch se sent aujourd’hui trahi, là où d’autres sont plutôt flattés par cette acquisition : ok, ils ne bénéficient en aucun cas de ce rachat, mais bon... ils ont eu le nez creux ! Crier au dévoiement des sites du financement participatif, c’est se méprendre sur la finalité des sites de crowdfunding.

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S’étonner qu’une boîte qui a fait ses débuts grâce à une masse d’anonymes tombe dans les mains d’une élite bien identifiée, c’est oublier un peu vite le circuit de la valeur des grandes plateformes technologiques, et de Facebook en premier lieu : la valeur de Facebook a émergé de processus d’expérimentation non marchands qui ont permis son développement fulgurant (au départ il n’y avait pas de pub, pas de gestion systématique des données personnelles) avant de devenir profitable, de faire son entrée en bourse etc.

Plusieurs remarques à ce stade : d’abord, ça m’emmerde, vraiment, d’être attentif aux moindres faits et gestes des entreprises du numérique, tout significatif que ce soit. Fait amusant à ce propos, deux entreprises qui n’avaient rien à avoir avec cette histoire ont vu soudain leur valeur grimper en bourse juste parce qu’elles s’appelaient « Oculus quelque chose »... Deuxièmement, c’est tout de même intéressant d’assister à cette espèce de course à l’échalote que se livrent les pieuvres du numérique : entre Google qui rachète les robots de l’armée et Facebook le casque de réalité virtuelle pour lutter contre les Google Glass(es), ce sont bien des empires qui se construisent sous nos yeux.

Oculus Rift, c’est enfin la promesse de l’immersion achevée, celle dont chacun trouvera des exemples en fonction de ses connaissances en science-fiction, mais il suffit de penser au début de Matrix, lorsque Néo se branche pour la première fois, et qu’il se retrouve dans un dojo à apprendre les arts martiaux en accéléré, à sentir le pouls de cette réalité virtuelle, simulation plus vraie que nature.

Oculus Rift pour l’heure, ce sont surtout des petits jeux dont la définition n’est pas super, qui posent des problèmes de latence, des jeux qui donnent la nausée, qui font croire au cerveau que le corps se trouve au dessus du vide ou sur des montagnes russes... C’est aussi une sorte d’écran total, qui remplace l’écran de télévision ou d’ordinateur, mais toujours avec la manette de la console... Une fois que je me suis bien représenté la chose, pas facile mais il existe un simulateur — un simulateur de simulateur, oui — je me mets à imaginer l’au-delà, des électrodes sur l’ensemble du corps pour un transport total des sensations, des plateaux ou des boules roulants sous mes pieds pour permettre un déplacement infini sans quitter le petit espace du foyer, voire un contrôle direct des mouvements par la représentation mentale, parce que vous imaginez, si pour un saut dans le jeu il faut faire un saut dans la vie, le nombre d’os brisés à la fin…

En anglais « rift » désigne la crevasse, la fissure. Oculus Rift, c’est donc la promesse de s’y précipiter la tête la première.

Chronique de la Place de la Toile du 29 mars 2014
Petite histoire de l’interaction homme-machine

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