Chronique de la Place de la toile du 27 avril 2013, « Internet et ruralité ».
Edit du 1er mai : who has your back ?
They can touch our balls at the airport, but they will never take OUR Internet. #CISPA (Source)
Qu’est-ce que CISPA ? [soundcloud url="http://api.soundcloud.com/tracks/90965383" params="" width=" 100%" height="166" iframe="true" /]
Cyber Intelligence Sharing and Protection Act… loi de protection et de partage des renseignements sensibles entre entreprises et autorités américaines… CISPA… l’acronyme nous rappelle les lois rejetées en janvier 2012 aux Etats-Unis, SOPA et PIPA, avant ACTA au Parlement européen.
Là il s’agit moins de lutter contre la contrefaçon et le piratage qu’en faveur de la cybersécurité. Alors qu’on apprenait il y a quelques semaines l’existence de l’unité 61 398 basée à Schangaï, une armée de hackers chinois tenue responsable du vol de teraoctets de données industrielles… tout est dans la formulation, car au final, cela revient toujours à légitimer une plus grande surveillance des données qui transitent sur les internets, au mépris de la vie privée (et les quelques amendements à la loi pour protéger cette vie privée ont d’ailleurs tous été rejetés par la chambre des représentants) : en l’occurrence il s’agit de permettre le partage d’informations entre équipementiers (fabricants de téléphones et d’ordinateurs), entreprises (facebook, google and co), et agences fédérales (dont les services secrets mais pas que), donc le gouvernement, mais pour la bonne cause hein : la protection (nationale) des réseaux, et ce en toute immunité, en se passant de mandat, en outrepassant les législations existantes, sans obligation de transparence. Imaginons par exemple une entreprise qui repère une faille dans un de ses logiciels, ou une intrusion étrangère dans sa base de données, elle se met en rapport avec tel service pour combler la faille en toute discrétion, admettons ça peut être utile... C’est dans l’autre sens que ça pose plus de problèmes, vu la masse de renseignements accumulés sur des individus : que se passerait-il si telle agence fédérale voulait en savoir plus sur tel compte google ? Certes, surtout si l’argument de la sécurité nationale est en jeu, google transmet déjà probablement les infos, mais là ce serait plus seulement de fait, mais de droit.
CISPA a été proposée à peine quelques mois après que ses deux sœurs SOPA et PIPA ont été abandonnées suite à une mobilisation massive des internautes et des géants google, wikipedia notamment. C’était il y a plus d’un et il faut bien reconnaître que lesdits défenseurs d’un internet libre n’ont pas réussi à refaire le coup du cyber black out qui avait alors si bien fonctionné, et ce malgré leurs avertissements : « si CISPA ne vous fait pas peur, c’est que vous n’y avez pas prêté attention ».
A noter que le projet de loi était cette fois plutôt soutenu par Google notamment… Qu’à cela ne tienne… on apprenait dans la nuit de jeudi à vendredi que la loi, adoptée à la Chambre des représentants la semaine d’avant, était suspendue au Sénat… ce même Sénat ayant déjà rejeté sa première mouture un an plus tôt. Où l’on retrouve le sénateur Rockefeller dont j’ai déjà parlé ; lequel sénateur juge pour l’heure insuffisantes les garanties de la loi sur la protection de la vie privée. Bon mais ça regarde les Américains seulement non ? Emails, messages privés sur les réseaux sociaux, mots de passe, historiques de recherches, réfléchissons… nous sommes tous des Américains. Donc ça nous concerne. Suite au moratoire du sénat américain, un twitto au nom d’illuminati s’est exclamé : « ils peuvent nous toucher les parties à l’aéroport, mais ils n’auront jamais notre internet ! » - encore que dans certains aéroports, israeliens en l’occurrence, les agents peuvent vous forcer à ouvrir votre boîte mail, et si vous refusez, vous vous exposez à une interdiction de territoire.